Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/105

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— Rien du tout. On sait donner chez nous mon frère, répliqua fièrement l’Algonquine. Tout cela est à moi, bien à moi maintenant.

— Alors, merci, ma sœur, pour ces habits et ce mousquet… Mais c’est tout, c’est bien tout ce que je prendrai… »

Les Hurons se rapprochèrent. « Rembarquons-nous vite » dirent-ils. « Nous voulons être loin d’ici avant que la nuit tombe. Le péril rôde. On doit chercher mon frère blanc et sa compagne… partons, partons…

— Je le veux, je le désire beaucoup aussi dit Charlot. Mais y a-t-il de la place pour tous dans ce canot ? Oui, bien. Et qui portera jusque là ma sœur algonquine ? Son pied droit est bien malade… Hélas ! je ne puis, moi, lui rendre ce service.

En effet, dit l’un des Hurons, mon frère ne le peut pas. Il a subi la bastonnade, et une dure… cela se devine à ses mouvements. Qu’il se laisse soigner par moi, ce soir… Les plaies vont s’envenimer dans le dos, là… là… finit-il, en posant de longs doigts tout le long de l’épine dorsale de Charlot, qui faillit pousser un cri de douleur.

L’Algonquin, un sauvage robuste et qui comptait près de cinquante ans, s’empara de l’Algonquine. Il la porta sur son épaule aussi facilement qu’un sac de plumes. Le jeune Huron se glissa aux côtés de l’Algonquin et entama tant bien que mal la conversation avec la jeune fille. Chose curieuse, il baragouinait sans trop de peine en la langue algonquine. La jeune fille