Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/106

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lui donnait avec bonne humeur la réplique. Elle ne soupçonnait nullement la nature du sentiment qu’elle inspirait déjà à ce jeune sauvage. Elle regardait même avec surprise, et un peu de reproche dans les yeux, l’attitude mécontente et hautaine de Charlot. Il cheminait non loin d’elle, toutefois.

On traversa le lac. On fit du portage, on marcha, marcha mais en ménageant Charlot que deux des Hurons mettaient de temps à autre sur un brancard, malgré ses protestations. Les forces lui manquaient, cela était plus que visible. Au coucher du soleil, tous firent halte. La fatigue semblait extrême. Comment n’en aurait-il pas été ainsi ? Plus on approchait du pays où coulait la rivière dite rivière des Iroquois,[1] plus la marche devenait pénible, affreusement pénible ; ce n’était que glace, verglas, bancs de neige à peine fondus… Le froid ne se montrait pas trop vif, cependant, quoique l’on cheminât maintenant sous des cieux septentrionaux. Hé ! on s’en rendait plus que compte.

Le lendemain, la halte dut se prolonger. Les provisions faisaient défaut. Algonquin et Hurons partirent pour la chasse dans les environs, promettant de revenir, coûte que coûte, le soir même. Le jeune Huron avait offert de demeurer près de la jeune fille, mais Charlot,

  1. Aujourd’hui le Richelieu.