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Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/30

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gouverneur, penses-tu ? M. Louis d’Ailleboust de Coulonges, le savant ingénieur du Montréal ; c’est un homme pieux, juste, bellement courtois, à l’égal de M. de Montmagny qui nous quittait, hier, mon frère. Quels regrets l’ont accompagné !… Il a été si souvent la bonne Providence de ces lieux, n’est-ce pas ? Quel dommage que tu n’aies pu le revoir avant son départ ! Il nous témoignait bien de la bonté à tous deux, rappelle-toi, lorsque les circonstances nous le faisaient approcher.

Le nouveau gouverneur et sa femme s’efforcent de nous faire oublier notre chagrin. Cela nous semble étrange de voir enfin une femme installée, en qualité de belle souveraine, à l’habitation du Fort. Et qu’elle est digne de l’affection de tous les cœurs ! Jeune, très jolie de traits, noble de port, d’une charité inépuisable, nous assure-t-on, elle veillera avec quelle grâce sur le bien-être du pays.

Hélas ! mon frère, j’y reviens encore, j’y reviendrai toujours, quand nous reverrons-nous ? Tous les jours, je me pose, avec quel serrement de cœur, cette question redoutable. Je ferme les yeux, je me rappelle ton image, j’essaie de la reconstituer aussi exacte que possible. « À ton âge, une longue année apporte de grandes transformations, et physiques et