Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sauvage de cette tribu, sans merci pour un ennemi à ce moment sans défense ?

— Alors, reprit lentement Kinaetenon, en fixant des yeux curieux sur Charlot, tu es bien résolu à rester cette nuit au camp, à subir ce que tu hais d’ordinaire ?

— Oui, oui, Kiné. Ne me regarde pas ainsi. Tu m’ennuies.

— Je cherche quelle raison tu peux avoir. Tu es mon esclave. J’ai droit de tout connaître.

— Kiné, fit Charlot surpris, qu’est-ce que tu as ? Tu ne me traites pas ainsi d’habitude. Tu ne me parles jamais sur ce ton, non plus. Et ta confiance en moi ?

— Je veux protéger mon frère malgré lui. A-t-il donc oublié tout ce que sa sœur vient de recommander… La lettre est là, encore, en des cendres à peine refroidies…

— Kiné ! Tais-toi !… Et Charlot se jeta par terre, sans courage, la tête entre ses mains. Il revoyait les mots de Perrine : « Sois prudent, sois circonspect… par pitié pour moi ! »

— Mon frère perd un temps précieux, insista l’Iroquois. Et pour rien. Car il me suivra de force, il le faut.

— Non, non, Kiné, je pars avec toi, je ferai