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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/33

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sait pas d’être embarrassant, parce qu’il était susceptible de recevoir plusieurs solutions. Pendant un mois, le premier échelon de l’escadre russe, le plus puissant, était resté dans le voisinage des côtes d’Annam. On pouvait être tenté de venir l’y attaquer avant qu’il n’ait été renforcé par l’arrivée de la division Nébogatof. La flotte japonaise avait également la ressource de s’établir aux îles Pescadores, en faisant surveiller les deux passages (le canal de Formose et celui des Bashees) par où devait nécessairement passer l’escadre ennemie. Enfin, une troisième solution consistait à concentrer la flotte dans la mer du Japon, et à attendre l’escadre russe dans l’un des trois détroits qui y donnent accès.

C’est cette dernière solution qui fut adoptée parce que c’était la seule qui permît de mettre en ligne la totalité de la marine japonaise, y compris les garde-côtes, les vieux cuirassés sans vitesse et les petits torpilleurs.

Ce plan était bien conçu. L’amiralissime japonais n’en a pas moins de mérite de l’avoir adopté. À mesure que l’escadre russe se rapprochait du terme de son voyage, l’anxiété grandissait au Japon ; la crainte que l’ennemi ne parvînt, à l’aide d’une circonstance fortuite, à gagner sans encombre Vladivostok provoquait un état d’énervement qui conduit généralement à adopter des résolutions fâcheuses. Dans des circonstances analogues, beaucoup de chefs auraient perdu patience et, de peur de laisser échapper l’ennemi, ils seraient allés le chercher le plus loin possible, en se disant que, s’ils le manquaient, ils auraient encore le temps de le rattraper.

Si l’amiral Togo, subissant une influence de ce genre, s’était décidé à aller chercher Rojestvenskii dans le Sud, il aurait pu se trouver en mauvaise posture. Il ne pou-