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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/60

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forces entre le gros de l’escadre russe et les deux bâtiments isolés. Ceux-ci étaient irrémédiablement perdus. La manœuvre n’avait rien de transcendant ; elle était pour ainsi dire classique. Elle n’exigeait pas de ces évolutions savantes, impossibles à réaliser en présence de l’ennemi. Un simple changement de route par la contre-marche suffisait. L’amiral Togo dédaigna de ramasser la proie qui s’offrait à lui et il laissa aux deux vaisseaux le temps de se dégager. Un rayon du gloire venait de traverser le champ de bataille : il ne le vit pas.

Cependant le Tsésarévitch, suivi de Retvizane, s’était approché jusqu’à 3 500 mètres, et pendant quelques instants les deux navires essuyèrent le feu des 10 bâtiments japonais à une distance meurtrière. À bord du Tsésarévitch, le premier moment de confusion passé, on avait été chercher l’officier en second ; après de longs efforts, la transmission du servo-moteur avait pu être dégagée, et le nouveau commandant fit gouverner de manière à rallier son chef. Le Retvizane imita la manœuvre.

Le Tsésarévitch n’a donc pas eu son blockhaus percé par un obus ; il n’a pas eu d’avaries à ses machines et à son gouvernail ; il n’a pas stoppé un seul instant ; enfin, à l’exception du Retvizane, les autres navires ne l’ont pas secouru[1].

La journée s’avançait, et, peu avant la tombée de la nuit, le champ de bataille offrait le spectacle suivant.

  1. Ces assertions sont contenues dans le rapport du contre-amiral Mathusevitch. Quel intérêt y avait-il à présenter les choses sous un jour faux ?