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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/63

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aussi qu’ils avaient l’intention de se rendre à Vladivostok ? Pas un seul n’y songeait. Ce qui est peut-être plus grave, ce qui révèle dans la marine russe des conceptions étranges, c’est que les contre-torpilleurs, s’étant libérés de leurs devoirs envers les cuirassés, ne paraissent pas avoir eu le moindre soupçon qu’ils pouvaient au moins s’attaquer aux cuirassés ennemis et que c’est dans ce but qu’ils étaient armés de torpilles.

Aux dernières lueurs du jour, la flotte japonaise leva la chasse qu’elle poursuivait mollement. Le Tsésarévitch, qui décidément ne voulait pas retourner à Port-Arthur, en profita pour virer de bord, et fit route dans l’est.

La nuit tombe ; c’est l’heure des torpilleurs.

Les 5 cuirassés russes se dirigeaient vers Port-Arthur à une vitesse modérée. Une nuée de torpilleurs, qui les guettaient depuis le coucher du soleil, s’abattit sur eux comme un vol de sauterelles. Pendant toute la nuit, les bâtiments essuyèrent des attaques continuelles dont le nombre n’a pas été estimé à moins d’une trentaine ; si invraisemblable que le fait puisse paraître, ils en sortirent tous indemnes. Mais il n’y avait pas entre ces bâtiments assez de cohésion pour qu’ils fussent capables de résister, sans broncher, à une pareille épreuve, et ils finirent par se disperser. Néanmoins, ils se retrouvèrent tous à Port-Arthur, dans la matinée du 11. La Pallada, qui était revenue en arrière après avoir perdu l’Askold, s’y trouvait déjà, ainsi que 3 contretorpilleurs[1].

  1. Vlastnyï, Vynoslivyï, Boikiï.