Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/120

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peu, relisait encore, puis se prenait à réfléchir autour des assertions inattendues de Charlot. Mais que disait son frère ?

« Je ne sais ce que t’écrit chaque jour mon cher beau-frère, écrivait le capitaine Le Jeal, mais sa taciturne nature semble y trouver son compte. Impossible de lui tirer un mot à ton sujet. Un jour que, par esprit de taquinerie, je faisais allusion aux pages et aux mille folies de tendresses qu’il devait t’adresser, — et, après tout, ce n’eût pas été si mal, — voilà qu’il me repartit, sombre et en haussant les épaules : « Tu ne seras donc jamais sérieux, mon pauvre ami. Comme si Perrine allait goûter ces effusions intempestives. Non, je lui raconte notre vie, afin qu’elle puisse ainsi la partager ; je la consulte comme si elle était ici, voulant lui faire entendre que sa présence nous est indispensable ; et, enfin, je pense tout haut, en lui écrivant, témoignage de confiance, de l’estime que j’ai pour son intelligence… » Vexé, j’ai répliqué vivement : « Si tu crois que ce langage raisonnable est ce qui plaît le plus aux femmes ! » — Alors figure-toi, Perrine, qu’au lieu de se froisser, ou de m’envoyer à tous les diables, ton beau capitaine de mari en est resté muet, tout déconfit, les yeux à terre. Eh, bien, voilà ! que moi aussi je devins embarrassé à