Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/137

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priait de se retirer dans la chambre des enfants et de veiller sur les jeux de ceux-ci jusqu’à nouvel ordre. Puis, toujours sans lever les yeux elle dit au capitaine d’une voix sans timbre :

— Vous m’excuserez, André, j’aurais besoin d’un peu de repos, de solitude.

— Perrine, un mot seulement. Vous n’allez pas vous mettre martel en tête, parce qu’il a plu à une petite sotte…

— Je vous en prie, pas un mot de plus… Je suis incapable, en ce moment, de penser, de juger, encore moins de discuter… Plus tard, plus tard…

Et Perrine referma doucement sa porte. Elle entendit André s’éloigner, puis le bruit de ses pas ne cessa pas dans la pièce voisine. Il se promenait avec agitation, allant et venant à travers la pièce. On frappa peu après à la grande fenêtre, et Perrine comprit qu’un soldat du Fort voulait entrer avec un message.

André vint de nouveau près de sa porte.

— Perrine, dit-il, je suis au regret, mais je dois vous déranger un moment. Vos bagages sont restés au Fort, m’apprend-on. Je vais y voir, tandis qu’un des soldats de ma compagnie fera le guet autour de la maison. Je serai de retour dans une demi-heure.

Il s’éloigna. Perrine se trouva alors bien seule. Elle prit un fauteuil, ferma les yeux et s’efforça d’abord de ne pas penser. À quoi bon toutes ces réflexions qui ne lui apporteraient au-