Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/139

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craindre cette fille huronne… Elle lutterait… Elle serait victorieuse…

Perrine repoussa avec un frémissement la petite glace… Quelle révélation !… Elle comprenait… La jalousie venait de naître en son cœur !… Et la jalousie ne pouvait exister sans que l’amour existât aussi… Elle aimait donc André de Senancourt… Cette scène folâtre, entre son mari et l’Indienne, qui l’avait blessée jusqu’au fond de l’âme, avait eu pour résultat de lui apprendre un secret, qu’elle se dissimulait à elle-même, sans doute, depuis quelque temps.

Mais alors ?… Que ferait-elle ?… Elle avait été si longtemps, à l’égard d’André, hostile et indifférente. Il comprendrait à peine ce changement et prendrait pour un sentiment de vulgaire jalousie ce qui ne serait, au fond, qu’un réflexe de défense amoureuse. Elle se leva, marcha à son tour avec agitation à travers la pièce. De temps à autre, la voix de contralto de la Huronne parvenait jusqu’à elle. Elle discutait avec Manette. Perrine sentait sa main se crisper ; son cœur se gonflait de mécontentement. Elle faisait appel presque en vain à ses sentiments d’habitude charitables. Oh ! cette fille ! Elle la chasserait dès le lendemain. Elle arrangerait toutes choses avec Charlot, non