glant de la mort du saint fit remonter à son esprit les pressentiments de la veille. Mais elle les secoua avec courage. Dieu veillerait sur son frère… Les paroles du graduel lui firent du bien. « Le juste fleurira, y disait-on, comme le palmier, et il se multipliera… comme le cèdre du Liban. » Le palmier ! le cèdre ! image qui convenait à la haute et mince silhouette de son frère, qui était un juste, certes, avec sa noble nature et ses croyances sincères, vécues. Mais d’autres mots, profonds de sens, tombèrent aussi sous ses yeux : « Le juste germera comme le lis et fleurira dans l’éternité… » Perrine tressaillit jusqu’au fond du cœur. Elle replaça le missel sur la cheminée et retourna vers la fenêtre où le soleil, enfin, pénétrait. Elle leva ses mains jointes vers l’azur qui éclatait de lumière : « Mon Dieu, supplia-t-elle, ne prenez pas auprès de Vous mon frère, pas maintenant… Il fleurira dans l’éternité » reprenait-elle pourtant en son esprit, frappé, véritablement, par les paroles du prophète Osée, servant à la fête du jour. Une plainte de son malade la fit sortir de ce monologue, rendu émouvant par le sens qu’elle prêtait malgré elle aux textes des Saints Livres.
Puis, les nombreuses occupations du matin, ceux du début de l’après-midi firent oublier à la courageuse jeune femme les angoisses qui l’avaient assaillie à son réveil.
La visite du médecin rasséréna tout à fait Perrine.