Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/38

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Une heure plus tard, des voyageurs foulaient le sol de Québec. Un personnage imposant, que quelques-uns nommèrent tout bas, le Sieur Peronne du Mesnil, venait en effet en mission dans la Nouvelle-France, au nom de la Compagnie des Cent Associés. Quelques gentilshommes, des soldats, des colons, des matelots défilèrent après lui. Une dernière chaloupe vint aborder, un peu en retard sur toutes les autres. À sa vue, Charlot s’approcha en hâte. Il voyait un chapeau à plumes se soulever dans sa direction. Perrine le suivit plus lentement avec les enfants que tout ce brouhaha intéressait vivement.

Mais quelle ne fut pas la surprise de Charlot et de sa sœur à la vue du capitaine André de Senancourt. Il était littéralement transformé. Son élégance, sa grâce, un peu ironique cependant, tranchaient sur l’attitude plus que modeste de ses compagnons. Il sauta vivement de la chaloupe et étreignit avec force Charlot.

— Ah ! André, André, fit celui-ci avec agitation, que ta vue me rappelle celle de… de Lise. Quelle joie de te revoir !

— Et pour ne plus te quitter, mon vieil ami. Mais comme tu me parais changé, maigri… Eh ! il me faudra vite mettre ordre à tout ceci, continua le jeune officier, d’un ton enjoué, afin de mieux dissimuler les craintes qui viennent l’assaillir en face de ce Charlot si triste, très vieilli