Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/184

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— Hélas ! »

Le roi le regarda avec douceur. Oh ! le beau soldat impétueux et fier !… Son geste de passion n’était que trop d’accord avec sa jeunesse hautaine, sans compromission, seule responsable de sa conception séduisante, mais exagérée de l’honneur. Soudain, dans la mémoire du roi se leva un souvenir… celui d’un sien cousin, compagnon aimé de sa jeunesse, que des circonstances douloureuses avaient jadis exilé du royaume, et dont on avait appris peu après, la fin pénible. Oui, dans les yeux de Jean, le roi retrouvait le même feu brûlant, dans sa tenue, la même élégance, la même énergie, la même hauteur, un peu triste, que dans les yeux et la tenue du duc Géo, son cousin. Il avait été, autrefois, le beau Géo — comme il l’était lui-même, aujourd’hui, — une victime des enchantements de la fée Envie, cette ennemie jurée de la famille.

Dominé par cette lointaine et chère vision, le roi se pencha, anxieux, vers Jean.

« Qui êtes-vous, jeune homme, dites-moi ? Vous semblez ici, être inconnu de tous ? »

Jean baissa la tête mais ne répondit pas.