noirs. L’un d’eux, semblait même si bas, et de formes si fantastiques que les craintes de la pauvre enfant se justifiaient.
« Nous ne traverserons pas ce lac avant l’orage Seigneur, s’écria la princesse. Non, oh ! non, n’est-ce pas ? »
Jean ne répondit pas tout de suite. Il se demandait avec étonnement et beaucoup d’anxiété comment la princesse avait-pu franchir seule l’espace de terrain couvert de troncs enflammés. Mais voilà, de ces troncs, il n’y avait plus trace. Cette embûche des fées avait été tendue pour lui uniquement.
Ses yeux se tournèrent, alors pleins de compassion vers la princesse.
« Dites, oh ! dites, Seigneur, reprit-elle, vous n’aurez pas la dureté de m’exposer à la tempête sur un lac en furie… Attendons la fin de l’ouragan… Voyez le vent souffle déjà… Et quels éclairs nous aveuglent ! »
Jean hocha la tête avec douceur. « Je suis profondément marri, princesse, mais tout retard est impossible et dangereux pour notre sécurité. Prenez courage ! C’est votre dernière épreuve ma pauvre petite. Si l’horizon n’était si sombre, vous pourriez apercevoir d’ici les tours du château de votre père. Je les voyais, il n’y a pas une heure.
La princesse dut céder une fois de plus. Mais sa frayeur était telle qu’elle sembla bientôt à demi consciente. Jean, soucieux, la transporta sur le radeau, et rattacha solidement au moyen d’une cordelière de soie au tronc d’arbre fixé au centre du radeau. Il y monta lui-même et lia prudemment à son tour ses deux pieds. Le vent faisait rage. Il menaçait du tout emporter. L’audacieuse traversée commença au moment précis où éclatait la tempête. Le radeau secoué en tous sens, recevait de lourds paquets d’eau qui cinglaient la figure ou les mains à la façon d’un fouet. Au milieu du lac, Jean ne put se tenir agenouillé. Il dut se laisser tomber près de la princesse. Il l’entendit alors qui gémissait tout bas, pauvre petite colombe, victime de puissances