Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/28

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le plancher coupa le morne silence. C’était Blaise, le pauvre infirme, qui s’évanouissait de désespoir. Jean, qui n’avait encore ni bougé, ni élevé la voix, quoiqu’il fût profondément atteint par la révélation, eut un sursaut de douleur. Il saisit son frère, éloignant doucement sa mère qui s’était précipitée. Il le transporta dans la chambre voisine. Il le ramena avec des soins empressés, accompagnés de mots tendres, que son cœur savait trouver pour ce frère chéri.

Et lorsqu’il le vit plus calme, il se mit à genoux près de lui ; il prit sa main et la tint pressée dans la sienne.

« Blaisot, mon Blaisot, dit-il de sa voix aux intonations si émouvantes lorsqu’il le voulait, ne te laisse pas aller au chagrin. Songe à notre mère. Je te la laisse, mon frère. Toi si tendre, si bon, si doux, tu la comprends et la consoles mieux que tout autre. Lorsque je reviendrai, — car je reviendrai… puis-je être heureux sans vous tous, — c’est mère et toi que je veux d’abord serrer sur mon cœur. »

Le pauvre infirme répondit en détournant les yeux : « Oui, oui, Jean. Mais… laisse-moi un instant, veux-tu ? Je veux regarder seul et bien en face mon grand malheur. Ah !… gémit-il tout à coup d’un ton déchirant, mon pressentiment ne m’avait pas trompé. C’était toi, toi, qui étais la cause de mon angoisse. »

La journée fut longue, lourde et triste. Le soleil se voila. Vers le soir, un vent violent