Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/29

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s’éleva. Les arbres aux branches feuillues pliaient et se tordaient. Toute la forêt vibrait plaintivement. La cabane du bûcheron demeurait seule silencieuse. À l’intérieur, on amortissait le bruit des pas, les voix se baissaient. Vers la chambre de l’infirme, c’était un va-et-vient continu. Tous s’alarmaient, interrogeant des yeux la mère douloureuse qui s’abîmait au pied du lit. Le malade après la crise violente du matin était tombé dans une torpeur complète. Ses yeux gonflés demeuraient clos. À la chute du jour, cependant, ses traits se détendirent. Il parut dormir. Jean s’éloigna de la chambre. Il se raidissait contre son émotion. Il faisait appel à tout son courage, le pauvre garçon. Rapidement, il fit ses derniers préparatifs. Il s’éloignerait au plus tôt. Il n’avait déjà que trop tardé. Il remplit à peine sa besace. « À quoi bon, dit-il à sa mère qui l’avait suivi. Sais-je où je serai dans quelques heures ? D’ailleurs, la hache qu’un de mes frères aiguise avec soin me taillera un abri ; mon fusil que je vais bien bourrer abattra quelque gibier… Ne vous inquiétez pas, mère. Vous savez que je puis me tirer d’affaire. Puis, la lettre de mon mystérieux parrain que je lirai en route contient sans doute des instructions. Je m’y conformerai. » Et Jean, le cher Jean, que son cœur affectueux d’enfant inspirait tenta de sourire à sa mère. Il ne put y réussir. Et tous deux, mère et fils, baissèrent la tête. Ah ! les quinze ans de Jean-le-joyeux. comme ils sonnaient tristement, n’est-ce pas, petits ?