Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ambitieuse et légère, légère à faire frémir… Seulement, Madame, vous me garderez un secret inviolable… d’ici à un mois, au plus. Car je retourne aux États-Unis. Je me dévore le cœur ici, et bien inutilement.

— Pauvre Michel !… Eh bien parle. Je t’écouterai comme Mathilde Perrault t’écoutait jadis, alors que tu risquais tout pour m’apporter ou me redire ce que mon cher Olivier te confiait.

— Merci, princesse, balbutia Michel, qui essuyait avec impatience quelques larmes qui perlaient à ses cils. Il se leva, marcha vers la fenêtre, cherchant de toutes façons à maîtriser son émotion. Il revint enfin vers Mathilde Précourt qui le regardait avec quelle compassion. Il parla. Il fit un tableau bref, mais complet et combien douloureux, de la scène des fiançailles. Il n’accusa pas un seul instant Josephte, trouvant, au contraire, mille raisons pour justifier sa conduite.

— Michel, comme tu aimes noblement notre petite fille. Car c’est une petite fille encore que Josephte, vis-à-vis de la vie, du monde, de ces grands sentiments qui résistent à tout, qui balaient tout, entre deux êtres… On ne s’en joue pas ainsi, n’est-ce pas, surtout par un coup de tête d’amoureuse affolée… J’avais besoin, d’être éclairée à ton sujet. Tu sais ce que tu veux et ne veux pas, toi, Michel. Et si les événements, qui contrecarrent si souvent,