Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/61

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gance de la plupart des mondains, tu n’en aimes pas moins Josephte. Tu l’aimes avec l’ardeur et la sincérité de jadis. Même, avoue-le donc, depuis ta visite à Saint-Denis, tu gardes en ton âme, ainsi qu’une vision d’éblouissement, un enchantement, presque un envoûtement… Aurais-tu jamais soupçonné que la jolie petite fille d’autrefois pût devenir cette ravissante, liliale et fière enfant ? Tu me redis ton émerveillement chaque fois que je devance en toi l’impitoyable raison. Pauvre enfant aveugle ! Josephte, mais elle t’impose presque sa présence, elle, pourtant que tu ne saurais maintenant aborder qu’en tremblant… Vois comme j’interprète fidèlement tes sentiments, tu baisses la tête, tu soupires, tes bras veulent se tendre… ils frémissent… Michel, va vers Josephte !

— Fuis-la plutôt, Michel ! criait de nouveau sa raison exaspérée. Que médites-tu là, justes cieux ! Fuis-la cette Josephte Précourt, si riche, si belle, si entourée ! Fais appel à tes forces raisonnables. Use de tous les moyens possibles ! Tu as déjà assez souffert, Michel. Ta fierté n’a donc pas grandi avec toi ? Car la fierté, heu-