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Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/291

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Les aventures de Perrine et de Charlot

le gouverneur, elle prendra les révérends pères jésuites et les religieuses. Tous débarqueront ainsi à Québec avec plus d’honneur. »

À huit heures, le canon du fort et les clairons militaires annoncent que l’on met pied à terre. Les cloches se remettent en branle. Des cris, et de nombreuses acclamations retentissent. Toute la population, le gouverneur en tête, se presse sur la rive.

Que fait Perrine ? Assise près de Mme Le Gardeur, elle soupire. Ses yeux se voilent. Cette joie bruyante lui fait mal. À la moindre émotion qui fait battre plus vite son cœur, elle songe à Charlot. Ah ! si son chéri revenait ainsi, un jour, au son des cloches, au milieu de la joie générale !… Catherine de Cordé, l’aïeule compatissante, devine la pensée de la petite fille. Elle prend sa main dans la sienne.

catherine de cordé

Ne t’attriste pas ainsi, mignonne. Songe quel bienfait sera pour nous la présence des religieuses. Elles sauront mieux que nous adoucir ta peine.

perrine

Pardonnez-moi, Madame. Quelle ingrate je deviens !

L’abbé de Saint-Sauveur apparaît tout à coup devant elles, la figure toute tendue d’émotion et de surprise. Il regarde intensément Perrine, puis attire à l’écart Mme Le Gardeur ! Une exclamation de stupeur sort de la bouche de la vieille dame aux premières paroles du prêtre. Elle s’appuie au mur de la maison, défaillante. Puis se resaisissant, elle s’approche de Perrine. Ses yeux étincellent, sa bouche frémit. « Ma petite, ma petite, » commence-t-elle… L’abbé de Saint-Sauveur arrive tout de suite à la rescousse. « Douce-