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les quartiers généraux des rebelles

était venue promptement en ces lieux. Elle avait installé, en cette caverne, aux nombreux coins secrets, un logement approprié aux fins de la rébellion. Il allait en constituer les indispensables quartiers généraux. Ce coin perdu de forêt, en le lointain Lac Saint-Jean, avait été jugé par tous, une trouvaille inespérée. Même les hautains sorciers de l’Île d’Orléans avaient applaudi à ce choix, déclarant, avec assez de bon sens, que la publicité donnée à leur île, par les écrivains et les conteurs, nuisait déjà à la sécurité de tous. On parlait même d’un premier combat devant avoir lieu en cet endroit. Mieux valait s’éloigner avec soin de l’île, pendant toute la durée de la guerre.

Son inspection terminée, la Sorcière allait entrer, lorsque le vent se mit à souffler très fort. On percevait, en ses rafales, nombre de sifflements, de croassements et autres notes sinistres. La Sorcière approuva de la tête. Elle comprenait qui venait ; et, tout en s’appuyant sur son balai, elle regardait tantôt au faîte des arbres, tantôt dans les taillis.

Bientôt, les fées attendues apparurent, chacune en leur équipage préféré. La fée Envie glissa doucement d’un nuage noir, environnée de serpents ailés, et suivie à peu de distance de deux de ses suivantes, dont les bras, le cou et les jambes étaient si bien garnis de serpents à sonnettes, que cela assourdissait de les entendre jouer du grelot avec fureur. La Fée Envie avait, en guise de collier, de bracelets et de ceinture, de minuscules serpents d’émeraude. Deux énormes boas olives rampaient docilement à ses côtés. La physionomie de cette fée, pleine de morgue, sèche, dure, fielleuse, n’était guère rassurante. Elle s’en-