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une révolte au pays des fées

gouffra dans la grotte avec sa suite, ayant à peine salué la Sorcière.

La fée Rageuse vint ensuite. D’innombrables crapauds traînaient son char gris. Elle criait, jurait, s’époumonait. Elle descendit avec peine de sa voiture, malgré l’aide de la Sorcière. Au lieu d’un merci, celle-ci se vit accabler d’injures par cette fée à la taille énorme. « Ne pouviez-vous, sotte, appeler d’avance, des lutins et des nains, afin de m’épargner toute fatigue. Ne suis-je donc plus un des chefs puissants de la rébellion ? » Puis, la fée était entrée dans la grotte, y poussant à grands coups de fouet, ses crapauds fatigués et gémissants.

Enfin, la Sorcière aperçut au loin, seule, venant à pied, cahin-caha, et enveloppée d’un large manteau, la fée Carabosse. Sa tête se penchait de plus en plus vers la terre. Sa bosse prenait un relief qui l’écrasait. Elle s’approcha civilement de la Sorcière, cependant. C’est que, du moment qu’on ne l’oubliait pas, qu’on l’invitait, la fée Carabosse, savait rentrer ses griffes. « Bonjour, ma laborieuse camarade, dit-elle. Suis-je la dernière arrivée ? »

— Oui, puissante fée. Leurs Seigneuries Envie et Rageuse vous attendent.

— Bien. Mais dites-moi, — nous sommes seules n’est-ce pas ? — où nous installerez-vous pour la nuit ? Je ne me soucie guère du voisinage de Rageuse, qui souffle comme un orgue durant son sommeil.

— Redoutable Carabosse, comment pouvez-vous songer à dormir ? Si vous saviez quelle nombreuse assistance nous attendons. Et puis, que de décisions à prendre !

— Eh ! eh ! vous vous passerez de moi. L’on m’a