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une révolte au pays des fées

— J’ai tort, je le sais. Je ne puis me défendre, voyez-vous, d’être très impressionnée au sujet de cette promenade.

— Petite amie, remarqua soudain Aube, puisque tu persistes dans ton refus de venir avec nous, voudras-tu donner l’alarme au camp, demain, à l’aube, si nous ne sommes pas de retour. Il y aurait lieu de s’inquiéter, en effet, si alors, nous n’apparaissions pas.

— Madame, Madame, que dites-vous là ? cria de nouveau Petite Poucette. Elle avait tressailli aux paroles étranges de la princesse. Vous aussi, croyez donc à un malheur possible ?

— Au contraire, Poucette, chanta la princesse, tandis qu’un sourire glissait sur ses lèvres. Je ne parlerais pas de tout cela avec sang-froid, si le doute m’effleurait. Vraiment, c’est à croire que tu rêves quelque mésaventure pour nous.

— Oh ! Altesse !

— Alors, reprends ta gaieté, mignonne. Songe plutôt à la grande popularité du duc auprès des gnomes. Et puis, aurait-il follement confié sa missive à un traître ?… »

Petite Poucette se tut tout à fait cette fois, onze heures sonnaient au camp. On y battit longuement la charge, puis tout devint silencieux.

Cloclo sautait de joie. « Onze heures, onze heures qui sont sonnées ! Plus qu’une heure à attendre. Regardez, Altesse, les civières sont là, au fond. Le bon gnome les a glissées doucement ici, tandis que nous causions… Mais il est temps de revêtir nos mantes noires. Voici la vôtre, Altesse !… Voici la mienne !… Oh ! la douce four-