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sancho pança en chasse-galerie

faire avec nous, cette nuit, un petit tour de « chasse galerie ».

— Il ne le peut sans ma permission.

— Vous me l’accorderez, mon bon maître ? Je vous en prie, je vous en supplie, implora Sancho.

— Écoute, Sancho, t’ont-ils promis ce plaisir sans poser de conditions ?

— On m’impose quelques petites grimaces, c’est vrai.

— Tu n’es pas juge de leur gravité ou de leur insignifiance, Sancho. Que t’ont-ils obligé de faire ou de ne pas faire ?

— J’aimerais autant ne pas vous le dire, maître. Laissez-moi libre pour une fois d’agir comme bon me semblera.

— Comment, tu essaies de m’endoctriner, de me faire voir moins clair en mon âme et conscience ! Sancho, ton maître t’ordonne de parler.

— Eh bien, il s’agit seulement pour avoir le plaisir de se promener dans les airs, de déposer en lieu sûr, au départ, les objets religieux que l’on a sur soi. Durant tout le voyage il faut se garder aussi de ne pas prononcer le nom de Dieu. Comme vous voyez, il n’est pas question de renier ma belle foi d’Espagnol mais simplement de me dégarnir un peu, et de garder quelque temps le silence.

— Sancho, pauvre Sancho, tu ne vois donc pas la finesse du diable se faire jour en tout ceci. Si tu pars, tu ne reviendras peut-être plus auprès de moi. Prends garde !

— Bah ! Sommes-nous plus en sûreté, ici mon maître, au milieu des sorciers, des sorcières, des lutins et de tous leurs maléfices possibles.