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IBERVILLE ET SAINT-CASTIN
na deux heures, ce que je fis de loin, pour tâcher de le démâter et le désemparer avant la nuit qui vint si obscure et la brume si forte qu’il me fut impossible de le garder ».

Bonaventure, ayant amariné la prise, chargea Baptiste de la conduire à la rivière Saint-Jean. On y laissa les munitions et les matériaux destinés au fort de Naxouat, puis le New Port réparé, on repartit le 30, non sans avoir embarqué M. de Villebon, avec cinquante sauvages et M. de Villieu à la tête de sa compagnie.

Le 7 août, la flottille arrivait au rendez-vous de Pentagoët. Quatre-vingt-dix sauvages de cet endroit, soixante-dix de Kennébec, d’autres de Passamaquoddy et de la rivière Saint-Jean, en tout 217 hommes, étaient prêts à partir. Iberville distribua les présents et festina tout le monde.

Le 13, MM. de Villieu et de Montigny partaient en canots. Le baron de Saint-Castin, les pères Thury et Simon, avec les indigènes, avaient déjà pris la voie de terre. Ils avaient pour mission de « s’emparer des postes par où les Anglais pourraient se sauver et donner avis à Boston ».

Les sauvages arrivaient les premiers au rendez-vous et préparaient un chemin de deux lieues pour le charroyage des canons et des mortiers. Les navires ne tardaient guère 25 et le débarquement commençait. Mis immédiatement en demeure de déguerpir, le commandant Chubb répondit que « quand la mer serait toute couverte de vaisseaux français et les bois remplis de Français et de Sauvages, écrit Iberville, il ne se rendrait qu’il n’y fût forcé et qu’il n’eût vu effectivement les efforts que l’on ferait pour le réduire ; ce qu’il ne soutint pas par la suite ».

On mit les canons en batterie, puis Saint-Castin, interprète des assaillants, fit parvenir à Chubb une lettre dans laquelle il lui annonçait que, s’il s’obstinait, la garnison n’aurait pas de quartier, mais serait livrée à la fureur des sauvages. M. d’Iberville appuya cette missive de quatre ou cinq bombes. Chubb demanda à parlementer. « M. de Saint-Castin, qui servoit d’interprète, leur donna si bien l’alarme, écrit des Gouttins, qu’ils dirent au commandant qu’ils voulaient se rendre et demandèrent à M. de Saint-Castin un certificat comme on avait 500 bombes à leur jeter ». Chubb, pressé par sa garnison forte de 95 hommes, capitula, ce pourquoi Niles (p. 239) le voue aux