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IBERVILLE ET SAINT-CASTIN

Quant à l’importance de cette victoire, Frontenac la souligna dans sa lettre du 25 octobre 1696 au ministre : « La prise de Pemkuit (…) ne saurait produire que de très bons effets, et quoiqu’elle ne puisse pas beaucoup contribuer à la sûreté des côtes du sud de Canada, qui ne sont guère exposées aux incursions des Anglais de Boston que nous n’y avons pas encore vus, elle ne laissera pas de mettre les Sauvages de ce côté là en état de les inquiéter beaucoup et de les empêcher de songer à nous venir rendre de nouvelles visites à Québec, s’ils avaient assez de forces pour l’entreprendre ». Il en profitait pour revenir sur son projet favori : « Le véritable et solide avantage que l’on pourrait retirer de toutes les entreprises qu’on fait de ce côté serait d’insulter Manath, parce que ce serait couper la racine d’où nous vient le mal ». Jamais ce plan ne se réalisera.


— VI —


Church. — Dès le début de l’été, le ridicule major Church avait levé des volontaires, à la demande du gouverneur Stoughton, se proposant d’attaquer Pentagoët, principal repaire de l’ennemi, dit-il dans sa relation. Au cours de ses préparatifs, ayant appris la chute de Pemquid, il s’embarqua dans trois navires de guerre afm d’opérer sa jonction à Piscataqua avec le colonel Gidney parti de York à la tête de 500 hommes. Le colonel Hawthorne, commandant une autre flottille, devait le rejoindre à Saint-Jean.

Les navires anglais manquèrent Iberville de justesse, comme il quittait l’île des Monts-Déserts pour Terre-Neuve. Mais ils prirent Villebon, qui rentrait avec ses sauvages. À Pentagoët, Church ne vit personne, ni, surtout, le baron Casteen qu’il cherchait particulièrement. Il s’en alla saccager Beaubassin, bien que Bourgeois l’eût régalé et lui eût montré un « écrit de fidélité souscrit à Phipps », puis assiéger Naxouat. Là encore, sa proie lui avait échappé. L’enseigne Chevalier, chargé du commandement en l’absence de Villebon, s’était sauvé dans les bois et il ne tarda pas à rejoindre son supérieur remis en liberté. Les deux Français, à la tête de leurs Peaux-Rouges, harcelèrent si bien Church que ses troupes, pourtant si nombreuses, n’y purent tenir, d’autant que la mauvaise saison faisait des ravages dans leurs rangs. Church dut rentrer à Boston, n’ayant, comme toujours, obtenu que des résultats insignifiants malgré son grand appareil de guerre 28. Villebon reprit possession de son fort, qu’il répara facilement.