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LE BARON DE SAINT CASTIN

n’empruntant aux sauvages que leurs défauts. Les plus débrouillards se mettaient à la tête de ces « mauvais garçons » (on disait alors libertins).


— IV —


Les Abénaquis. — Comme il se tenait à l’écart des colons, le baron de Saint-Castin évitait aussi la compagnie des aventuriers. Cantonné dans sa tribu, il habitait un pays-frontière, une marche, en dehors des territoires exploités ou parcourus par les blancs.

Quels étaient au juste les sauvages de cet endroit ? Les chroniqueurs du temps les appelaient indifféremment Abénaquis ou Canibas. Il y a lieu de préciser.

Les Abénaquis formaient une nation composée de nombreuses tribus, dont Sylvester, s’appuyant sur plusieurs autorités, donne cette liste : 1. les Penobscots (ou Terratines), sur la rivière Pentagoët (Penobscot en anglais ) ; 2. les Passamaquoddys, sur la rivière Schoodak ; 3. les Wawenocks, à Pemquid ; 4. les Norridgewocks ou Canibas, sur la Kennébec ; 5. les Sokoris ou Pequakets, sur la rivière Saco ; 6. les Androscoggins, sur la rivière du même nom ; 7. les Pennacooks, sur la Merrimack ; 8. les Malécites, à la rivière Saint-Jean. Sylvester y ajoute les Micmacs de l’Acadie 11.

L’abbé Maurault situe les Canibas dans le sud-ouest du Maine et le New-Hampshire. À Kennébec, il place les Nurhantsuaks. Il dresse une liste de sept tribus abénaquises : 1. les Kanibesinnoaks ou Canibas ; 2. les Parsuikets, sur la Merrimack ; 3. les Sokakiaks, ou Sokokis, dans le voisinage des Canibas ; 4. les Nurhântsuaks, sur la Kennébec ; 5. les Pentagoëts ; 6. les Etemankiaks ou Etchemins, sur la rivière Saint-Jean ; 7. les 8arastegs.

Parmi ces contradictions, un fait certain ressort : la tribu où vivait Saint-Castin portait le nom de la rivière où elle était établie, soit Penobscot pour les Anglais ou Pentagoët pour les Français. Les Anglais appelaient souvent ces indigènes Terratines, du nom que leur avaient donné les Pilgrim Fathers.

Vivant sous des wigwams de branchages, les Abénaquis avaient sensiblement les mœurs communes aux Indiens de l’Est américain. Pour la ténacité à la guerre, ils ressemblaient aux Iroquois. Même les chroniqueurs anglais si acharnés contre eux leur reconnaissaient une mo-