sauvages leur apparaissaient comme une race maudite 2 que Dieu avait vouée à l’extermination pour faire place aux élus. Tous les malheurs des sauvages étaient voulus par la Providence et, d’un autre côté, les puritains faisaient œuvre pie en les tuant.
On n’en veut pour preuve que la charte accordée à leur colonie le 3 novembre 1620, par le roi Jacques Ier. Mentionnons d’abord que, trois au quatre ans avant l’arrivée des Pères Pèlerins, une épidémie ravageait la côte, de Pentagoët à la baie de Naraganset. Les deux tribus demeurant aux extrémités de ce territoire y échappaient, mais les autres étaient à peu près annihilées. Chez les Massajosets, notamment, il ne restait que 300 de leurs 30 000 guerriers. C’est pourquoi l’exposé des motifs de la Great Patent of New England renferme ces mots :
Hutchinson écrit à ce sujet : « Nos ancêtres apercevaient une intervention expresse de la Providence dans cette libération du territoire en vue de la colonisation anglaise ». Tout en se disant au-dessus de toute superstition, il partage l’avis des anciens puritains, incapable de trouver une autre explication au fléau. Dieu, note-t-il, a, de même, fait fondre les tribus devant l’avance des Anglais, jusqu’au 19e siècle 4. Il se garde d’ajouter que les Anglais aidaient la Providence de leurs mousquets et même (on en a des témoignages probants) en propageant des épidémies parmi les indigènes. Ne devaient-ils pas, beaucoup plus tard, exterminer de la sorte les naturels de la Tasmanie ? 5
La plus grande objectivité ne saurait cacher que les guerres indiennes si meurtrières furent provoquées par la brutalité, la cupidité et la convoitise des puritains.