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LA GUERRE DE SAINT-CASTIN

dire les garrison-houses) tous les outils dont ils ont besoin pour remuer la terre, l’ouvrage avance avec tant de vitesse, que dès le soir du 28 les assiégés demandent à parlementer ».

Aux Anglais qui s’informent des conditions de la reddition. les assaillants demandent le fort avec tous les vivres et munitions, et leur accordent la nuit pour réfléchir, bien que les assiégés désirent six jours. Le lendemain, des grenades tombent dans la place et la tranchée progresse. « On approchoit de la palissade, et on devoit, dès qu’on y seroit arrivé, mettre le feu à une barrique pleine de godron, et d’autres matières aisées à s’enflammer qu’on avoit toute prête. Les assiégés voyant cette machine, qui avançait toujours, et n’imaginant aucun moyen d’en empêcher l’effet, parce que ceux qui la faisoient marcher, étoient à couvert dans la tranchée, arborèrent un pavillon blanc ».

Charlevoix ajoute simplement que la garnison est faite prisonnière. Mais, dans sa relation, le capitaine Davis donne des détails plus piquants. Ayant hissé le drapeau blanc, Davis demande aux sauvages s’il y a des Français parmi eux. Rassuré sur ce point, il prie le commandant d’accorder bon quartier à la garnison, aux femmes et aux enfants, blessés ou non, et de lui fournir une escorte jusqu’au prochain établissement anglais. Portneuf jure solennellement, toujours d’après Davis suspect de partialité, mais, sitôt entré dans la place, livre soldats, femmes et enfants aux païens qui en tuent plusieurs et capturent les autres. Seuls Davis et trois ou quatre de ses hommes restent aux mains de Portneuf qui les amène à Québec où ils sont très bien reçus, avoue Davis 42


La garnison s’est à peine rendue que quatre voiles anglaises paraissent au large de Casco. Ne voyant pas le drapeau anglais, les capitaines virent de bord. Ayant pillé puis incendié le fort et la ville, Portneuf se retire.

Les morts anglais (plus de cent) ne seront enterrés que deux ans après, quand Phipps et Church, en route pour le Canada, s’arrêteront à Casco.

Portneuf rentre au Canada avec Hertel. Il mérite ces éloges, qu’on trouve dans une lettre de Frontenac au ministre, datée du 12 novembre 1690 : « Nos Canadiens et surtout les sieurs de Portneuf et de Courtemanche ont