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LE BARON DE SAINT-CASTIN

fait des choses surprenantes et qui passent la vraisemblance ; ils ont brûlé tous ces forts et quantité de maisons et bestiaux, et amené toute la garnison prisonnière avec le gouverneur que j’ai fait mettre ici au château, et qui m’a paru un bon homme » 43.


— X —


Incursions. — Les sauvages n’étaient pas rentrés dans leurs wigwams. Au contraire, ils poursuivaient la campagne vigoureusement, à leur manière.

Les Anglais retirèrent les garnisons de Purpooduck, Spurwink, Scarborough, et les colons de ces endroits se réfugièrent d’abord à Saco, puis à Wells, mieux fortifié. Cette dernière place subit pendant longtemps les assauts des sauvages. C’était, après Saco, l’établissement le plus important de la région et les colons s’y étaient particulièrement préparés à la défense. Chaque maison barricadée pouvait résister à un siège. Les forts de Wheelright, Benjamin Larrabée et Joseph Storer protégeaient les abords de la ville, sans compter de nombreux fortins. Ainsi, Wells prenait l’allure d’une véritable forteresse. Le gouvernement y envoyait des troupes en cas de danger : Wells détruit, les Indiens auraient pu ravager toute la région de Piscataqua, et même jusqu’à Boston.

Après la défaite de Casco, Wells demanda des secours car les sauvages se montraient dans les environs de Saco. Boston expédia 120 hommes de troupe, mais, avant leur arrivée, Black-Point, Spurwink et Richmond’s Island avaient été réduits en cendres et Saco bien ravagé. Trois ou quatre cents réfugiés encombraient Wells.

Divisés en plusieurs petits groupes, les sauvages saccageaient tout, à l’est et à l’ouest de Scarborough. Sous la direction du chef Wohawa, que les Anglais appelaient Hopehood, et qui était renommé pour sa cruauté, (« ce tigre, ce monstre de cruauté », écrivait Niles), ils attaquèrent Fox-Point, où ils tuèrent quatorze personnes, firent six prisonniers et brûlèrent plusieurs maisons. Selon l’expression de Cotton Mather, « ils en vinrent à bout aussi facilement que d’un poulailler ». Les capitaines Floyd et Greenleaf rejoignirent enfin les insaisissables maraudeurs et blessèrent Hopewood. Les Indiens disparurent de la région jusqu’au 4 juillet. Ce jour-là, ils massacrèrent huit faucheurs, dans les champs en bordure de