Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/15

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œuvre, il ne devait pas souffrir que, d’une loi destinée à protéger les minorités, on fit, en la torturant, un instrument d’oppression contre les catholiques.

Ses amis répondent que Sir George n’a jamais oublié qu’il était le chef du Bas-Canada, qu’il l’a prouvé, lorsque dans la conférence de Londres, en 1866, les délégués des autres provinces voulurent faire de l’union fédérale une union législative. Indigné de voir qu’on y voulait violer le principe fondamental du projet fédéral accepté à Québec, il menaça de se retirer et de soulever tout le Bas-Canada contre l’Angleterre, si ses collègues persistaient dans leur funeste résolution. Ils citent encore le triomphe national qu’il remporta dans l’organisation politique de la province de Manitoba qu’il arracha si habilement aux griffes du fanatisme. Ils ajoutent enfin que Sir George comprenait la nécessité de tourner ses regards sur le Bas-Canada, que le temps était arrivé maintenant d’y créer une industrie nationale et indépendante de l’Angleterre.

Le temps n’est pas venu de porter un jugement impartial et juste sur la carrière politique de Sir George, les passions qu’il a soulevées sont encore trop bouillantes et les conséquences de ses actes trop enveloppées dans les nuages de l’avenir.

L’homme d’État appartient à l’histoire ; ses discours passent, mais ses actes restent et leurs résultats sont aussi vastes quelquefois que les destinées des nations. Beaucoup d’hommes calomniés pendant leur vie ont