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Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/16

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été bénis par la postérité, et beaucoup, dont la vie n’avait été qu’un enchaînement de succès et d’applaudissements, ont été jetés à la voirie après leur mort.

L’éloge et le blâme ont été si exagérés dans notre pays depuis trente ans qu’on ne sait plus à quoi s’en tenir sur les véritables proportions de nos hommes publics. Ces deux espèces d’exagérations ont eu de funestes résultats pour notre société. Nos conditions d’existence et les exigences de notre état social et politique rendent d’ailleurs très-difficile l’appréciation de nos hommes d’État. Comment démêler au milieu de tant d’événements compliqués et de transformations rapides les motifs qui les ont fait agir, lorsqu’ils sont eux-mêmes obligés de les taire pour ne point froisser les susceptibilités nationales de ceux avec lesquels ils sont forcés d’agir de concert ? Quelle habileté il leur faut pour concilier l’intérêt de la race dont ils ont les destinées entre les mains, avec les exigences de la prospérité générale, de l’intérêt commun du pays ? Qui peut dire maintenant que c’est le patriotisme, l’ambition ou la nécessité qui les a fait agir dans telle et telle circonstance ?

Quoi qu’il en soit, il est un fait que tous les partis doivent constater à l’honneur de M. Cartier : c’est sa vie sobre, laborieuse, exempte de ces vices et de ces faiblesses qui déshonorent si souvent les hommes de haute capacité. Le succès qui perd tant d’hommes n’a été pour M. Cartier qu’une raison de plus de travailler