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Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/17

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et de se rendre digne de la confiance publique. Comment nier la force de caractère et les grandes facultés de l’homme qui, pendant trente ou quarante ans, au Barreau, à la Chambre, au Pouvoir, n’a pas cessé un instant de lutter, triomphant de tous les obstacles semés sur sa route et accroissant tous les jours son influence et sa réputation ? Comment à la vue de tant d’existences brisées, de talents perdus, ne pas rendre justice à une vie si bien remplie, à un compatriote que le pays tout entier regarde comme une de ses gloires, dont la mort est un deuil pour quatre millions d’hommes dont les trois quarts n’avaient pas pourtant ses idées religieuses et nationales.

Appelé à administrer l’héritage politique de MM. Lafontaine et Morin, il a bien porté le nom canadien et n’a pas diminué aux yeux de l’étranger la bonne opinion que ces deux grands hommes avaient donnée de nous. Comme on a depuis quelques jours établi des comparaisons entre ces trois illustres chefs du Bas-Canada, nous dirons, nous aussi, notre pensée. M. Cartier n’avait pas la haute raison, le jugement calme et profond de Lafontaine, l’étendue d’esprit, la science politique et l’esprit de sacrifice de M. Morin, ni la modération et la dignité politique de l’un et l’autre ; mais il l’emportait de beaucoup sur eux par l’action, l’énergie, la connaissance du monde, la stratégie parlementaire, la fécondité d’esprit, l’ardeur et l’habileté dans la lutte. Ils étaient des hommes