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LAURIER ET SON TEMPS


Le Grand-Tronc Pacifique


Laurier ne laisse pas que des discours pour rendre témoignage à ses brillantes qualités, il léguera aux générations futures des œuvres matérielles et substantielles qui attesteront sa clairvoyance dans l’ordre purement temporel. Parmi ces œuvres, il faut mettre au premier rang l’immense réseau de chemin qui, sous le nom de « Grand-Tronc Pacifique, » reliera, d’un océan à l’autre, toutes les provinces du Canada.

Laurier est bel et bien le père de ce projet grandiose, de cet enfant prodige. C’est lui qui, dans le cours d’une conversation avec M. Hays, le président de la Compagnie du Grand-Tronc, lui donna l’idée de cette immense entreprise. M. Hays fut d’abord effrayé par la grandeur du projet, mais Laurier lui en fit voir les aspects grandioses et pratiques, les résultats immenses pour la compagnie et le pays, et l’invita à y penser sérieusement.

M. Hays y pensa, consulta et annonça à Laurier qu’il croyait le projet réalisable. Le travail d’enfantement fut long, pénible, il fallait passer à travers les difficultés les plus graves, concilier les intérêts les plus divers et les plus puissants. Le moindre des obstacles n’était pas le mauvais vouloir du Pacifique qui voyait surgir un rival dangereux. Mais Laurier était convaincu que ni le Pacifique, ni l’Intercolonial ne souffriraient pas sérieusement de la concurrence d’un chemin de fer qui vivrait du commerce et de la richesse qu’il développerait dans des régions éloignées de leur centre d’action.

Il croyait que la construction d’une nouvelle ligne était