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LAURIER ET SON TEMPS

il faut aussi que la Couronne soit loyale envers le sujet. En ce qui la concerne, l’Angleterre a noblement, généreusement fait son devoir ; mais ici, c’est le gouvernement canadien qui n’a pas fait son devoir à l’égard des Métis. Le ministère est tout scandalisé, et ses amis feignent aussi d’être bien scandalisés de ce que ces hommes réclament leurs droits, qu’ils les ont même réclamés, le fusil à la main. Le gouvernement a-t-il été loyal envers ces Métis ? Non, puisque, s’il en avait été ainsi, les troubles n’auraient pas eu lieu. Or, si le gouvernement ne respecte pas la loi, et si par suite de ces dénis de justice des hommes sont poussés à braver la loi et à revendiquer leurs droits, les armes à la main, je dis que le gouvernement est tenu de faire son examen de conscience et de s’assurer s’il a fourni quelque cause d’insurrection ; et, dans ce cas, il doit loyalement donner le bénéfice des circonstances aux accusés. C’est ce que nous avons prétendu dans le Bas-Canada, et c’est une des raisons pour lesquelles nous avons pris cette affaire tant à cœur.

« Malheureusement, ce n’est pas là la doctrine du gouvernement. Cette doctrine a été énoncée tout autrement dans le mémoire que le gouvernement a publié quelque temps après l’exécution de Louis Riel. Peu après cette exécution, le gouvernement a jugé à propos — et je ne l’en blâme pas — de mettre sa défense devant le pays, dans un document très élaboré portant la signature de l’ancien ministre de la Justice, sir Alexander Campbell. Voici ce qu’on y lit dès les premières phrases :

« Les adversaires du gouvernement ont accusé celui-ci d’avoir provoqué, sinon rendu justifiable la rébellion, en mal administrant les affaires des territoires du Nord-Ouest et ne prêtant aucune attention aux justes réclamations des Métis. Je ne crois pas qu’il convienne de traiter ici cette question, dont se sont emparés les partis politiques. Lorsque ces accusations seront portées d’une ma-