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LAURIER ET SON TEMPS

pas encore été produits devant nous, mais au moins la raison d’État invoquée au procès ne l’a pas été et pourquoi ? Parce que cette raison n’aurait pas soutenu un instant d’examen devant ce parlement.

« Il y a plus, après ce procès incomplet, le jury a recommandé le prisonnier à la clémence du tribunal. Le ministre des Travaux Publics a dit l’autre jour que c’était chose tout ordinaire que ces recommandations à la clémence du tribunal. Assurément, ce ne sont pas là des choses extraordinaires, mais ce qui est très extraordinaire, par exemple, c’est que le gouvernement ne tienne aucun compte de ces recommandations. C’est là le fait extraordinaire qu’on a vu en cette occasion. Après le procès, il y avait dans l’esprit de bon nombre de partisans du gouvernement une telle conviction que pleine et entière justice n’avait pas été rendue, qu’ils présentèrent sur le champ une pétition au gouvernement pour demander une commission chargée de faire l’examen du prisonnier, afin de s’assurer s’il était sain d’esprit ou non. Cette pétition a été présentée, à maintes reprises, m’informe-t-on, au gouvernement, par des amis du gouvernement. Celui-ci n’a pas refusé, mais il a traité cette pétition comme il avait traité toutes celles des Métis : il a différé, différé jusqu’à la semaine même qui devait précéder l’exécution. Et alors vint la commission… Était-ce bien une commission ? Je ne sais au juste ce que c’était ; quelles instructions avaient été données ? C’est ce que nous ignorons. Mais ce que nous savons, c’est que le 8 novembre 1885, juste une semaine avant l’exécution, deux médecins de l’Est étaient à Régina et faisaient l’examen du prisonnier. Ces personnes étaient-elles envoyées à Régina avec mission de décider si la sentence devait être commuée ou non ? Je dis péremptoirement que non.

« C’est encore une accusation que je porte contre le gouvernement : lorsqu’il a envoyé cette prétendue commis-