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les patriotes

trait chez le Dr  Duchesnois deux de ses chefs de division, Rodolphe Desrivières et le Dr  Gauvin, qui lui apprirent l’exploit de Bonaventure Viger et de ses braves compagnons, sur le chemin de Chambly.

— Puisque le bal est commencé, dit Brown, il faut prendre place dans la danse.

— Oui, reprit Gauvin, ne nous laissons pas traquer plus longtemps comme des bêtes sauvages. Allons à Saint-Charles, et établissons-y un camp.

Cela se passait pendant que Wolfred Nelson disait à quelques habitants réunis autour de lui à Saint-Denis, qu’il ne se laisserait pas arrêter comme un criminel.

Tels furent les commencements de cette insurrection de 1837, qui a fait tant de bruit, causé tant d’inquiétude à l’Angleterre et coûté des millions. Voilà cette rébellion à laquelle on a voulu donner les proportions d’une révolte mûrie et préparée longtemps d’avance.

Après cette déclaration de guerre, nos trois mousquetaires partirent pour Saint-Charles. S’étant arrêtés, sur leur chemin, à une auberge, ils entendirent des gens qui disaient : « Pourquoi les chefs désertent-ils ? Nous avons des fusils et de la poudre, nous pouvons les défendre. »

Ayant appris que M. Drolet, de Saint-Marc, avait fait de sa maison une espèce de château fort que défendaient une cinquantaine de patriotes, ils s’y rendirent ; mais au lieu de gens armés, ils n’y trouvèrent que Mme  Drolet, ses deux filles et le plus jeune de ses fils, ainsi qu’un vieux serviteur qui ressemblait peu à un guerrier.

Le lendemain, ils traversaient de Saint-Marc à Saint-Charles. Rendus de l’autre côté de la rivière, ils furent fort surpris d’y trouver M. Papineau, le Dr  O’Callaghan et le Dr  Wolfred Nelson. La rencontre fortuite de ces hommes dont les têtes venaient d’être mises à prix était singulière. Ils se séparèrent après s’être