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apprit les circonstances de la bataille, les colères s’apaisèrent, et on se mit à réfléchir sur ce qu’il fallait faire.

On avait espéré, un instant, que toutes les paroisses se lèveraient pour barrer le chemin aux troupes anglaises qui se rendaient triomphantes à Montréal ; mais le désastre de Saint-Charles avait abattu tous les courages. Les gens disaient qu’ils étaient trahis par les chefs, et que le général s’était enfui avec l’argent des patriotes. M. Brown entendit plusieurs fois de ses propres oreilles ces propos peu flatteurs.

Wolfred Nelson, George-Étienne Cartier, Marchessault et Brown restèrent à Saint-Denis jusqu’au 2 décembre, cherchant à soulever les gens et à les décider à lutter contre les troupes si elles revenaient à Saint-Denis. Mais leurs efforts furent inutiles ; ils furent obligés de partir, le 2, pour ne pas tomber entre les mains du colonel Gore qui marchait de Sorel sur Saint-Denis. Ils prirent ensemble le chemin des États-Unis, mais ils se séparèrent dans les bois. Il n’y eut que M. Brown qui après des fatigues et des souffrances inouïes, put arriver, à moitié mort, aux États-Unis où il vécut jusqu’en 1844.

Le bill d’amnistie de M. Lafontaine lui ayant permis de revenir dans le pays, il se hâta d’en profiter. Ses adversaires comme ses amis d’autrefois le virent revenir avec plaisir, car il n’y avait qu’une opinion sur la loyauté de son caractère et la sincérité de ses convictions.

M. Brown est né au Nouveau-Brunswick en 1803. Son grand-père, Américain de naissance, avait quitté Boston pendant la révolution américaine, pour aller s’établir à Halifax. Sa grand’mère était cousine de sir John Wentwort, qui fut le dernier gouverneur du New-Hampshire, sous la domination anglaise, et le devint ensuite de la Nouvelle-Écosse.