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les patriotes

Comme les Nelson, il était d’une famille loyale, qui avait souffert même pour sa fidélité à la couronne d’Angleterre ; mais son caractère généreux et son esprit droit en faisaient naturellement un adversaire de l’injustice et de la tyrannie. Longtemps avant 1837, il avait embrassé la cause libérale et protesté dans des discours et des écrits contre les injustices dont le Bas-Canada était victime. Il fut l’un des collaborateurs les plus utiles et les plus dévoués du Vindicator, le seul organe anglais de la cause populaire.

M. Brown n’a pas prouvé qu’il était un grand général, il a trop de nerfs pour cela ; mais ses discours et ses écrits dénotent un homme de beaucoup d’intelligence, à l’esprit vif, perspicace et poli, développé par l’étude et la réflexion, d’un caractère susceptible d’entraînement, porté vers les choses qui élèvent l’âme et ornent l’esprit. Il était plutôt fait pour être un homme de lettres qu’un homme d’affaires, un journaliste ou un homme politique qu’un général ; aussi ses écrits ont eu plus de succès que ses opérations commerciales et militaires.

Lorsqu’on voit le nom de M. T.-S. Brown au bas d’un article, on le lit, parce qu’on est certain que c’est bien pensé, écrit avec élégance et distinction.

Actif, instruit, d’une nature expansive, il s’occupe un peu de tout, et a sur beaucoup de choses une foule de connaissances. Les facultés brillantes sont plus développées chez lui qu’elles ne le sont généralement chez les Anglais, surtout les gens de commerce. C’est un homme à théories, chez qui le sentiment l’emporte sur le calcul. Ajoutons à cela un tempérament nerveux, et l’on aura l’explication de ses actes, la clef du rôle qu’il a joué en 1837.

Quoi qu’il en soit, son nom mérite d’être inscrit parmi ceux de ces généreux Anglais qui ont pris fait et cause pour nous, à une époque où il fallait pour cela de