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les patriotes

police, suivi d’à peu près vingt drôles à mine assez menaçante, portant cordes, bâtons, que sais-je ? moi…

« — Vous êtes mon prisonnier, me dit d’une voix élevée, et en me lançant un regard quelque peu farouche, M. B. Delisle.

« — Et pourquoi ? lui demandai-je.

« — Pour haute trahison, qu’il me répondit.

« — Diable ! dis-je, à part-moi, c’est sérieux ! Pas de cautions pour cela, monsieur ?

« — Non.

« — Faut donc aller en prison ?

« — Oui, j’en suis fâché.

« — Et moi bien plus ; c’est égal, je me résigne. »

Les ennuis et les rigueurs de la prison aiguisèrent sa verve sarcastique et son esprit frondeur. Ses compagnons le recherchaient autant que ses geôliers le redoutaient. Ils trouvaient dans ses gais propos et ses anecdotes comiques une source intarissable de récréation.

Il avait été admis au barreau en 1836, et avait eu pour associé l’infortuné C.-O. Perrault, qui fut tué, l’année suivante, à Saint-Denis. Il exerça plus tard en société avec M. le juge Sicotte et M. le protonotaire Hubert. C’était un excellent avocat, un orateur populaire.

Il était grand, mince, brun, beau ni de figure ni de taille, mais d’une physionomie intelligente et sympathique.

André Ouimet était né à Sainte-Pose, ce qui prouve l’injustice de certain dicton populaire. Son père, Jean Ouimet, et sa mère Marie Beautron, ont fait leur part dans l’œuvre de la propagation de notre race, car ils eurent vingt-six enfants dont André était le septième ou le huitième, et M. Gédéon Ouimet le vingt-sixième.

Il mourut, le 10 février 1853, à l’âge de quarante-cinq ans, vraiment regretté de tous ceux qui l’avaient connu.