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les patriotes

water, et élève la question de savoir s’il doit être accordé quelque chose aux autres jurés. Le prisonnier n’ayant pas d’objection, la Cour déclare aux jurés qu’ils auront de la nourriture, mais à leurs propres frais. Un d’entre eux, M. Courville, remarque avec beaucoup de justesse, qu’ils ne sont pas munis d’argent, et que l’impossibilité où ils se trouvent de communiquer avec leurs familles pour pouvoir s’en procurer, les empêche de se rendre à cette condition, d’ailleurs un peu dure. M. le juge Rolland demande au prisonnier s’il a quelque objection à ce que les jurés soient pourvus de nourriture aux dépens du public.

« Le prisonnier répond d’abord qu’il s’oppose à ce qu’ils soient nourris aux dépens du public ; mais, après s’être consulté avec son conseil, il déclare qu’il ne comprenait pas la question, et qu’il y accède maintenant. Monsieur le procureur général se charge de veiller à ce que les jurés soient pourvus de nourriture, et la Cour leur accorde, dès à présent, un repas, avec liberté d’en avoir un tous les jours, à midi, jusqu’à la fin du terme ; mais elle leur interdit l’usage de toute liqueur forte, et restreint leur breuvage à la bière, au café et au thé ; après quoi, le jury rentre de nouveau en délibération.

« Lundi, 9 septembre 1839. — 9¾ h. a.m.

« Les jurés rentrent et l’un d’entre eux (M. Edwin Atwater) déclare qu’ils sont dix contre deux : dix pour acquitter le prisonnier à la barre, et deux pour le trouver coupable du dernier chef d’accusation, c’est-à-dire d’avoir été présent sur les lieux, quand le meurtre a été commis. M. Atwater ayant fini de parler, M. Paschal Lemieux se lève et dit tout haut : « Ma foi, il y a tant de contradictions dans tout ça, qu’on ne sait plus où on en est… »