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les patriotes

de Montréal et le peuple se pressait sur notre passage en poussant des cris de triomphe. »

Il aurait pu ajouter, pour rendre le contraste encore plus frappant, que parmi ceux qui l’avaient acclamé, la seconde fois, il y en avait plusieurs qui l’avaient hué la première fois.

Wolfred Nelson avait été nommé inspecteur des prisons en 1851 ; il fut plus tard nommé président du bureau des Inspecteurs et du Collège des Médecins et Chirurgiens du Bas-Canada. Il déploya dans toutes les charges qui lui furent confiées, le zèle, l’énergie et l’activité dont il avait fait preuve dans les luttes politiques.

Son zèle et son dévouement pendant le choléra de 1854, lui méritèrent l’admiration et la reconnaissance publiques ; il se multiplia, brava cent fois la mort pour secourir les malheureux pestiférés. Dans les hôpitaux, au sein des épidémies comme sur le champ de bataille, il ne reculait jamais devant le danger et payait héroïquement de sa personne.

C’est ainsi qu’il termina sa carrière, faisant le bien, dévoué à toutes les bonnes causes, à toutes les œuvres de la charité ou de la science, s’occupant plus de rendre service à ses semblables que de s’enrichir, entouré de l’estime publique, cher au peuple dont il fut toujours le protecteur et l’ami dévoué. Tant de travail et d’activité, chez un homme qui se fait vieux, abrège nécessairement la vie.

Dès 1861, il s’aperçut que ses forces s’en allaient, il languit pendant près de deux ans et s’éteignit, le 17 juin 1863, à l’âge de soixante-onze ans, laissant un nom honoré et des souvenirs qui vivront aussi longtemps que le peuple canadien.

Ceux qui ont connu Wolfred Nelson se souviennent de sa grande et imposante taille — il avait six pieds et deux pouces — de sa figure vive et énergique, de son regard ardent comme celui de l’aigle, de son extérieur militaire.

Tout dans sa personne et sa physionomie, dans ses manières et ses paroles commandait ; on y voyait