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un singulier mélange de vivacité et de distinction, de brusquerie et de bienveillance ; c’était une nature bouillante, impétueuse et philanthropique, susceptible de terribles colères et de grands dévouements, obéissant à l’impulsion du moment, faisant ce que le devoir et l’honneur lui dictaient, sans s’occuper des conséquences de ses actions, ainsi qu’il l’a prouvé en 1837. Il avait l’âme d’un héros et le cœur d’une sœur de charité. Personne plus que lui n’admirait les œuvres de la religion catholique et ne rendait plus volontiers hommage aux grandeurs de notre foi, au dévouement de nos prêtres et de nos religieuses ; il avait le respect de tout ce que nous respectons, admirait ce que nous vénérons.

« Pourquoi cet homme-là n’est-il pas catholique ? » disaient les gens qui l’avaient entendu parler.

Ses discours dénotaient un esprit droit, une intelligence cultivée, la connaissance de l’histoire et des luttes soutenues dans tous des temps par la liberté contre la tyrannie. Comme son frère Robert, c’était plutôt un homme d’action que de discussion, un soldat qu’un orateur, un agitateur qu’un diplomate. Sa nature belliqueuse et son esprit prompt comme l’éclair répugnaient aux atermoiements et aux compromis, en face d’un principe clair, d’un sentiment juste. Il y avait plus de Brutus que de Fabius chez lui, il n’aurait pas vaincu Annibal par la temporisation.

Le peuple aimait cette nature mâle et vigoureuse, il admirait cette parole franche, énergique, cette repartie terrible, il croyait à la bonne foi et à la sincérité du docteur Nelson. « C’est un honnête homme, » disaient les braves gens de la campagne. « Nous ne voulons pas d’autre médecin que lui », ajoutaient les femmes.

C’était en effet l’un des médecins les plus distingués du temps, aussi doux et dévoué pour ses malades que terrible pour ses adversaires politiques : il y avait une chose qu’il n’oubliait jamais surtout,