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que ce souvenir nourrit dans l’âme de ceux qui ont l’honneur d’être liés par le sang à ce jeune martyr de la liberté.

Pétition des sauvages de Caughnawaga.

Lorsque les sauvages du Saut Saint-Louis apprirent que Cardinal et Duquet avaient été condamnés à mort, ils regrettèrent leur excès de zèle, et adressèrent à sir John Colborne la pétition suivante :


« À Son Excellence Sir John Colborne, Gouverneur-Général, etc.


« La pétition des soussignés sauvages du Saut Saint-Louis, expose humblement :

« Que nous avons ressenti une profonde douleur en apprenant que notre Père avait résolu de mettre à mort deux des prisonniers que nous avons faits, Joseph-N. Cardinal et Joseph Duquet. Nous venons donc à notre Père pour le supplier d’épargner la vie de ces hommes infortunés. Ils ne nous ont fait aucun mal. Ils n’ont pas trempé leurs mains dans le sang de leurs frères. Pourquoi répandre le leur ? S’il doit y avoir des victimes, il y en a d’autres que ces malheureux, qui sont mille fois plus coupables qu’eux.

« La femme et les enfants de l’un, la vieille mère de l’autre, joignent leurs larmes à notre voix pour implorer votre miséricorde.

« Les services que nous avons rendus à Sa Majesté ; ceux qu’elle attend encore de nous et que nous n’hésiterons pas à lui rendre dans l’occasion, nous portent à croire que notre humble prière trouvera le chemin du cœur de Votre Excellence.

« Et nous ne cesserons de prier le Grand-Esprit, et de lui demander la gloire pour notre Père, sa conservation et le bonheur pour ses enfants.

« Saut Saint-Louis, 20 décembre 1838. »