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les patriotes

Lettre de Lewis-Thomas Drummond, avocat, adressée à Son Excellence sir John Colborne, la veille de l’exécution de Cardinal et Duquet.


« À Son Excellence, le lieutenant-général, sir John Colborne. administrateur du gouvernement du Bas-Canada, etc., etc.

« Qu’il plaise à Votre Excellence,

« Ayant accompli ma lourde tâche, comme avocat des infortunés dont l’arrêt de mort a été prononcé, j’ai encore un devoir à remplir comme sujet anglais dont le seul désir est de voir la paix rétablie dans son malheureux mais bien-aimé pays d’adoption. Il ne sera pas dit qu’aucun autre que l’avocat payé n’a osé élever la voix pour réprouver les procédés pris avant l’exécution des malheureuses victimes. Non, car si, en ce moment, je m’adresse à Votre Excellence, en mon caractère particulier, comme homme et comme chrétien, c’est pour vous demander, c’est pour vous implorer, dans l’intérêt de la justice, pour l’honneur de la nation anglaise, de vous arrêter avant la consommation de l’acte qui doit mettre fin à l’existence de deux de vos semblables, dont la culpabilité, (comme il sera démontré avant longtemps), n’a pas été établie d’une manière légale. S’il n’existe qu’un doute sur la légalité du pouvoir du tribunal qui les a jugés, le doute seul devrait, je le suggère humblement, porter Votre Excellence à suspendre leur exécution jusqu’à ce que l’on ait eu l’occasion de faire de ce doute une certitude ou de l’anéantir. Mais les principes de l’équité mis par la nature dans le cœur de l’homme, et consignés au code de toutes les nations civilisées du monde, nous crient hautement qu’aucun homme ne peut être mis en jugement par une loi promulguée après la perpétration de