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les patriotes

se laisse dominer par le ressentiment, il y a une distinction à faire. Nous respectons le premier, il remplissait un devoir ; nous condamnons le second, l’homme de parti, c’est notre droit.

S’il fallait en croire M. Globenski et ses autorités, le beau rôle en 1837 n’a pas été joué par les patriotes mais par les bureaucrates !

C’est le renversement de l’histoire, la contradiction monstrueuse de toutes les idées reçues, l’anéantissement des traditions les plus populaires. Ce ne sont pas les victimes qui auraient droit à nos sympathies, mais leurs bourreaux !

Ce ne sont pas les volontaires et les soldats qui ont brûlé les villages, jeté sur les chemins publics des centaines de femmes et d’enfants, pillé, tué et volé ; on dirait que ce sont les patriotes.

On s’enthousiasmait au récit de la mort héroïque de Chénier ; on pleurait en lisant le testament politique et national de de Lorimier ; on s’apitoyait sur le sort de l’infortuné Duquet.

Erreur ! erreur profonde !

C’étaient, paraît-il, des insensés, des ambitieux, des révoltés.

Les héros de l’époque, les bienfaiteurs de notre pays sont Colborne et ses braves soldats, les volontaires, les bureaucrates et tous ceux qui ont combattu par la parole ou les armes leurs compatriotes. C’est à eux qu’on devrait adresser nos hommages, élever nos monuments.