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LES DEUX PAPINEAU

résolutions trop violentes, des opinions trop avancées, la noble cause pour laquelle ils combattaient.

Mais il ne faut pas oublier que depuis trente ans ils étaient en butte aux dénonciations, aux injures et aux mépris de leurs adversaires, depuis trente ans ils étaient trompés, maltraités, humiliés.

Lorsqu’un peuple comme un individu perd patience, il faut tenir compte de la provocation. Reproche-t-on aux soldats, après le combat, de n’avoir pas assez mesuré la force de leurs coups ?

Peut-on avec plus de raison faire un crime à M. Papineau de n’avoir pas comprimé les nobles élans de son âme, les inspirations de son patriotisme, sa haine du fanatisme et de la tyrannie afin d’empêcher sa parole puissante de produire trop d’effet ?

Pour juger Papineau et les hommes de son temps il faut se rappeler qu’ils vivaient à une époque ou les caractères étaient fiers, les esprits vigoureux, où le souffle puissant de la liberté et de l’émancipation renversait les trônes, brisait les chaînes et agitait toutes