Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/47

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― Ah ! c’est vous, fit-il, quand il m’aperçut, c’est-il pas vrai que je ne dégringolerai point de si tôt de ma couche ?

― Non, pour sûr, lui répondis-je. Ça va-t-il comme vous voulez, père Cretel ?

Il hocha la tête. Ses yeux s’emplirent de menaces, et son grand doigt maigre et terreux montra par delà les prés la ferme des Dumolu.

― Ils veulent me faire « crever », murmura-t-il, mais j’ai la peau dure...

Il ricanait.

Je compris immédiatement. J’avais entendu parler de la haine terrible qui, depuis longtemps, grondait sourdement entre les censiers du Reinau et leur voisin et qui parfois se manifestait en vexations réciproques.

― C’est par ici qu’ils passent, ces salauds ! ajouta encore l’homme couché.

Je me remis en marche lentement, me dérobant derrière les haies. Car je voyais revenir des champs Guillaume, le plus jeune des Dumolu, un gars bel et fort, et je me mis à observer.

Quand celui-ci fut près, Cretel l’insulta, et, comme le fermier poursuivait son chemin sans répondre, le vieux lui jeta une pierre.