Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à midi. Ce jour-là, les amoureux s’embarquaient d’habitude sur un de ces steamers, qui sont employés à conduire les bourgeois vers les principaux villages riverains.

Elle avait des gaîtés folles ; elle s’amusait des moindres détails du paysage, du remous écumant produit par la roue du bateau sur l’onde olivâtre du fleuve, du croisement des voiles sur la surface calme de l’eau, des appels de matelots sur les chalands qui frôlaient lourdement leur yacht, d’un vol gris de mouettes en l’air bleu...

Le panorama de la ville se rapetissait, puis s’effaçait peu à peu, jusqu’à ce qu’on n’aperçût plus que l’orgueilleuse flèche de la cathédrale, noyée dans l’horizon brumeux, puis plus rien.

Ils arrivaient ainsi à la campagne, – une campagne qui ne leur rappelait rien de celle qu’ils connaissaient, là-bas, dans la vallée de la Meuse.

Ici, la plaine uniforme et désespérante des polders gras, avec la tache rouge des briqueteries au milieu d’une débauche de verdure ; des rideaux d’arbres, des pelouses à perte de vue, des villas blanches et basses, éparpillées ou s’agglomérant en pâtés lourds et plats.

Et, dans le lointain, toujours, à une