Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/80

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distance incommensurable, la ligne de l’horizon fuyant, fuyant, donnant le vertige de l’infini et la sensation cruelle du but sans cesse poursuivi, jamais atteint.

Ils ne la comprenaient point cette poésie de la plaine. Mais qu’importait ? Ils allaient en leur enivrement d’amants heureux, respirant à pleins poumons, écoutant battre leurs cœurs, se dérobant des baisers au tournant des sentiers...

Ils rentraient, le soir, fatigués et rêvaient la nuit, des rêves roses tout pleins de caresses, où passaient des fleurs, des papillons, des anges !...

* * *

Jacques, en devenant amoureux, avait vu s’évanouir peu à peu ses dernières velléités d’art. La nature l’avait richement doué. L’atmosphère, étouffante pour lui, de la prosaïque métropole, l’intolérance des maîtres et la routine avaient stérilisé ce génie prime-sautier, essentiellement wallon et souverainement indépendant.

Ainsi l’arbuste exotique périt, pour avoir été transplanté en une terre étrangère, sous un climat