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DÉCEMBRE 1765

contradictions, et les journalistes le réfutent. Nous ne voyons d’important dans sa lettre qu’une anecdote assez plaisante. M. d’Argenson était un des plus ardens partisans des abonnemens particuliers concernant les impôts : ayant fait part de son projet au roi, Sa Majesté lui dit de le communiquer au contrôleur général. Celui-ci l’ayant écouté tranquillement : « Cela est fort bien, lui répond-il ; mais que deviendront les receveurs des tailles ? » Alors tournant le dos à son collègue : « Apparemment, Monsieur, répliqua le comte, si l’on trouvait moyen d’empêcher qu’il n’y eût des scélérats, vous seriez inquiet de ce que deviendraient les bourreaux. »

15. — L’Opéra a donné avant-hier la première représentation de l’ancien Thésée. C’est la septième fois qu’on remet cet opéra depuis son origine. On n’a touché ni au poëme de Quinault, ni à la musique vocale de Lully ; mais on a substitué une ouverture nouvelle à l’ancienne et remplacé tous les airs de danse par des morceaux plus modernes. L’ouverture est de M. de Bury, surintendant de la musique du roi. La plupart des airs de danse sont de M. Berton.

L’effet de ce spectacle, en général, est des plus imposans. Peu d’opéras ont été remis avec autant de magnificence. Le jeu des machines est très-exact, quoique très-compliqué. Une des plus belles décorations qui se puisse voir, est Minerve descendue dans un nuage qui enveloppe toute la scène, et qui, en disparaissant, laisse voir un palais magnifique à la place de celui que Médée avait embrasé.

L’acte des Furies offre quelque chose de plus piquant encore que dans Castor. Les démons paraissent avoir réellement percé la terre pour obéir à Médée. Les flam-